« – Vous avez beaucoup souffert, monsieur ? […]

– A quoi voyez-vous cela ? […]

– A tout, […], à votre voix, à votre regard, à votre pâleur, et à la vie même que vous menez.

– Ah si vous aviez goûté de ma vie, vous n’en voudriez plus d’autre, et vous ne rentreriez jamais dans le monde, à moins que vous n’eussiez quelque grand projet à y accomplir.

– Une vengeance ! par exemple 

– Et pourquoi une vengeance ? […]

– Parce que, […], vous m’avez tout l’air d’un homme qui, persécuté par la société, a un compte terrible à régler avec elle.»

A la recherche du trésor

Après son évasion spectaculaire de la prison du château d’If, Dantès parvient à rejoindre à la nage un petit îlot puis, lorsqu’une frêle embarcation passe à proximité, il fait un signe de détresse en se faisant passer pour un naufragé.

L’équipage se trouve méfiant à son égard car ce sont des contrebandiers mais Edmond gagne rapidement leur confiance en mettant à leur service ses talents de navigateur qu’il n’a pas perdus même après quatorze années de captivité. Ainsi, Dantès devient un membre de cet équipage hors-la-loi ; il se montre discret sur son histoire et patient quant à ses ambitions car l’expérience de son incarcération l’a rendu méfiant vis-à-vis des hommes et méticuleux pour surmonter les plus grands obstacles.

Les contrebandiers opèrent entre les côtes françaises et italiennes ; il leur arrive régulièrement de passer à proximité de l’île de Monte Cristo que Dantès observe alors attentivement. Mais il ne se précipite pas, il attend pendant plusieurs mois d’avoir la bonne occasion de s’y rendre sans éveiller les soupçons.

Celle-ci se présente alors que les contrebandiers font étape sur cette petite île inhabitée afin de procéder à un échange de marchandises à l’abri des regards. Alors, Monte Cristo mime un accident en chutant d’un rocher afin qu’on le laisse seul pendant plusieurs jours sur l’île tandis que l’équipage repart en mer pour une opération importante ; ils conviennent de le récupérer à leur retour en lui laissant des vivres.

C’est le moment de vérité pour Edmond : ce mystérieux trésor occupe ses pensées depuis qu’il a appris son existence du fond de son cachot ; il ne peut s’en détourner en retrouvant une vie modeste alors qu’on lui a volé les plus belles années de sa vie loin de ses êtres chers. Cette richesse lui procurerait ainsi des moyens immenses pour accomplir sa vengeance sur ses ennemis et soutenir ses proches ; ce serait en quelque sorte pour lui une occasion unique de rattraper le temps perdu en bénéficiant de ressources illimitées.

Il se lance alors avec anxiété à la recherche de l’entrée de la cache sur la base des indications de l’abbé Faria. Edmond est empli de doutes sur la véracité du récit de son compagnon de prison, cela lui semble un cadeau du ciel trop beau pour être vrai. Ainsi, même s’il décèle de nombreux indices laissant penser que de larges pierres ont été déplacées à la main puis que des branchages ont été déposés pour masquer les traces de ces travaux, il n’ose pas y croire de peur d’être déçu.

Chaque pas qui rapproche Edmond de son but augmente son angoisse et ses craintes. Il parvient à déloger un rocher avec de la poudre puis il s’engage dans une galerie qui aboutit à une impasse mais, grâce à son habitude de l’obscurité, Edmond décèle un passage secret soigneusement dissimulé qui permet d’accéder à une minuscule salle voutée sans issue.

L’ancien prisonnier observe alors méticuleusement les parois puis le sol de cette pièce sombre. En creusant la terre, il découvre une malle en bois avec des armatures de fer. A ce moment, Dantès est submergé d’émotions et il n’ose ouvrir le coffre de peur qu’il soit vide, c’est l’instant de vérité.

Edmond ouvre alors la malle d’un coup sec avec sa pioche, il est aussitôt ébloui par une multitude de pièces en or, de pierres précieuses et de diamants. Alors, il peut enfin exploser de joie après tous ses patients efforts : le trésor existe et il est à lui !

A la recherche du passé

Dantès récupère aussitôt quelques pierres puis cache à nouveau le trésor. Les contrebandiers reviennent ensuite le chercher et le ramènent sur la côte où il échange ses pierres pour de l’argent.

En prenant congé de l’équipage sur un faux prétexte, Edmond sollicite l’un des membres en qui il a toute confiance, Jacopo, pour se rendre à Marseille afin de prendre des nouvelles de son père et de Mercédès tandis qu’il retourne à l’île de Monte Cristo pour récupérer et sécuriser le reste de son trésor.

On constate ainsi que le premier soin de Dantès après avoir découvert son trésor est de se soucier des êtres qui lui sont le plus cher. Certains esprits tatillons objecteraient qu’il aurait pu le faire dès son évasion mais Edmond était recherché par les autorités et il n’avait pas le moindre sou ni papier, les risques étaient trop importants pour qu’il soit à nouveau fait prisonnier.
A son retour de la cité phocéenne, Jacopo lui apprend que son père est mort et qu’il n’a pas pu obtenir d’informations sur Mercédès, elle est introuvable. Dantès s’attendait à ce que son père soit décédé après toutes ces années écoulées mais il est étonné de ne pas trouver de traces de sa fiancée.

Il doit donc se rendre en personne à Marseille pour obtenir plus de détails mais sous une fausse identité afin de ne pas être appréhendé. Dantès se déguise ainsi en deux personnages : un riche anglais, lord Wildmore, et un prêtre italien, l’abbé Busoni. Il se servira par la suite souvent de ce stratagème pour agir en toute discrétion.

Avec le poids des années et son accoutrement, il constate avec satisfaction en arrivant au port que d’anciens matelots qui étaient sous ses ordres ne le reconnaissent pas donc il peut se déplacer sans risques. Cependant, Edmond ne parvient pas à retrouver des traces de Mercédès ni de Danglars et Fernand, tous semblent être partis depuis longtemps. On lui indique néanmoins où se trouve l’aubergiste Caderousse qui les connaissait bien tous les trois.

Terribles révélations

Edmond se présente à Caderousse sous l’identité de l’abbé Busoni en expliquant qu’il a confessé le prisonnier Edmond Dantès avant de mourir et que celui-ci lui a confié un petit bijou afin que le produit de sa vente soit redistribué à ses anciens amis qu’il a nommé Caderousse, Danglars et Fernand. C’est une astuce efficace pour pousser l’aubergiste à dénoncer ses anciens complices afin de garder tout l’argent pour lui et celui-ci tombe dans le piège : il apprend alors à Dantès de terribles nouvelles.

Son père est effectivement décédé mais les circonstances sont bien plus graves que ce qu’Edmond aurait pu imaginer. D’après Caderousse, le père d’Edmond Dantès s’est laissé mourir de faim au désespoir de n’avoir plus de nouvelles de son fils. Cela parait inconcevable à Edmond qui met ainsi en doute la version de Caderousse mais ce dernier lui explique que son père était parvenu à dissimuler sa grève de la faim, y compris à Mercédès et à l’armateur Monsieur Morel qui venaient régulièrement lui rendre visite pour le soutenir.

Dantès devient ivre de colère au fond de lui-même mais il est obligé de se contenir pour apprendre la suite des évènements passés, ce qui ne fera qu’amplifier sa rage. Ainsi, il obtient la confirmation que les personnes qui se disaient être de ses amis l’ont effectivement trahi de manière sournoise comme l’avait deviné l’abbé Faria. Mais ce n’est pas tout, à sa grande indignation, ces viles personnes sont désormais devenues riches et puissantes !

En effet, Danglars s’est enrichi en tant que banquier profiteur de guerres et il est même devenu baron à la faveur d’un mariage avec une noble, ils vivent dans un somptueux palais à Paris.

Pour sa part, Fernand fut enrôlé dans l’armée de Napoléon à son retour de l’île d’Elbe mais il déserta avec un général qui le promu au rétablissement de la monarchie puis il continua de monter en grade lors des guerres d’Espagne puis de Grèce contre les ottomans. Il fut alors anobli pour ses faits d’armes et ses services rendus à la Monarchie sous le titre de Comte de Morcerf.

La douleur d’Edmond atteint son paroxysme lorsqu’il apprend avec stupeur que Fernand s’est marié avec Mercédès. Son ancienne fiancée avait repoussé plusieurs fois les avances de Fernand mais elle avait fini par céder au bout de deux années sans nouvelles d’Edmond et alors que tout le monde le donnait pour mort en ces temps troubles.

Caderousse raconte également que son ancien armateur Monsieur Morel s’est battu pour innocenter Edmond mais il a été brimé à la restauration de la monarchie en raison de son soutien au bonapartisme. Son commerce maritime a ensuite subi de nombreux revers et il est désormais au bord de la ruine.

Dantès encaisse les coups successifs de ces terribles révélations alors qu’il s’est assis dans un coin sombre de l’auberge pour masquer ses émotions évoluant de la tristesse à une immense colère. Il est abasourdi par l’injustice de la vie où les bons sont punis, écrasés, broyés et plongés dans la misère tandis que les méchants sont récompensés, promus, riches et puissants.

A la fin du récit de l’aubergiste, l’abbé Busoni décide de laisser le bijou à Caderousse car il s’avère être le seul des anciens amis d’Edmond Dantès à ne pas l’avoir trahi ou, du moins, à ne pas avoir profiter de sa trahison.

La récompense des justes avant le châtiment des coupables

Après avoir confirmé ses soupçons sur ses ennemis et avoir eu des preuves de la bonté de son ancien patron, Monsieur Morel, Dantès décide en premier de lui venir en aide alors qu’il est menacé de banqueroute. Grâce son intervention sous l’identité d’un banquier anglais, Dantès remet à flot l’entreprise Morel.

Il parvient également à obtenir le registre des prisons où il découvrira la sentence implacable et mensongère de Villefort à son égard qui rendit tout recours impossible d’aboutir ainsi que la lettre de dénonciation anonyme rédigée par Danglars et Fernand.

A présent que son ancien bienfaiteur a été récompensé, Edmond peut désormais se consacrer à sa vengeance sur ses ennemis mais il décide de prendre le temps de s’y préparer en faisant un long voyage de plusieurs années à travers l’Orient

Nous avons très peu de détails sur cette partie de sa vie si ce n’est qu’Edmond prolonge les enseignement de l’abbé Faria en développant son usage de plusieurs langues et en étendant ses connaissances dans de nombreux domaines.

Rome, porte d’entrée de Paris

Il s’écoule ainsi une parenthèse de huit années dans le récit après laquelle on retrouve Edmond Dantès en l’année 1838 à Rome, il se fait désormais appeler le Comte de Monte Cristo.

Le comte fait alors la connaissance de deux nouveaux personnages français voyageant en Italie : Albert de Morcerf, fils unique de Fernand et Mercédès ainsi que Franz d’Epinay, son ami.

Bien que ces deux jeunes gens soient issus d’un milieu très favorisé, le Comte de Monte Cristo leur fait une forte impression en apparaissant comme un être immensément riche, extrêmement cultivé, distingué et original tant dans ses accoutrements orientaux que dans ses idées. Le Comte de Monte Cristo est un être mystérieux au visage extrêmement pâle, il mange peu malgré les festins qu’il offre à ses invités et rien ne lui semble hors de portée grâce à sa richesse qu’il dépense sans se soucier du prix ; il veut le meilleur et tout de suite.

Néanmoins, Franz perçoit à la vision cynique que porte le comte sur la société et les êtres qui la composent que celui-ci en a souffert et qu’il est ivre de vengeance malgré ses larges démonstrations de générosité et d’amabilité. Monte Cristo soutient notamment à ses jeunes interlocuteurs que la peine de mort lui semble une sanction trop faible au regard de la souffrance immense et durable que peuvent infliger certains criminels à d’innocentes victimes, il souhaite ainsi un châtiment à la hauteur des douleurs infligées en s’inspirant des divers supplices qu’il a pu observés lors de son voyage en Orient.

Le passage du récit à Rome s’avère moins intéressant à suivre car le rythme est plus lent, il y a moins de péripéties mais surtout, l’angle de la narration change et c’est déconcertant. Auparavant, le jeune Edmond Dantès était au centre du récit, tous ses sentiments et ses actions nous étaient décrits avec de nombreux détails, il nous était familier et on pouvait s’attacher à lui.  Désormais, Monte Cristo apparait comme un personnage secondaire supplanté par Albert et Franz ; Edmond Dantès semble être devenu une forteresse imperméable, y compris pour le narrateur.

Lorsqu’Albert de Morcerf invite Monte Cristo à lui rendre visite à Paris afin de le remercier de son hospitalité, on comprend que cette rencontre était préméditée par le comte dans le but de s’introduire dans le cercle des familiers de ceux qui l’ont trahi. Monte Cristo a pris son temps mais, désormais, il est prêt à retrouver ses ennemis pour accomplir sa vengeance.

Le piège de la vengeance se met en place

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Hugues B.